O u v e r t u r e
(Rome, 02 mai 2095)




           Une salle sombre, spacieuse. Quelques spots de faible intensité essayaient de combattre l'obscurité mais n'y parvenaient qu'en de rares endroits. Plusieurs oeuvres d'art disséminées un peu partout prouvaient que le propriétaire des lieux avait de l'argent, à défaut de goût. Derrière la baie vitrée, le Dôme opaque inondait de sa noirceur un horizon déjà bouché par la fumée et les intempéries.
           Le bureau massif et peu encombré cachait un fauteuil présidentiel d'un cuir de bonne facture dans lequel un homme s'était assis, silencieux, face à la large baie. Il tira sur ses pieds pour avancer, son poids énorme devait le clouer à son fauteuil, et les sustentateurs électromagnétiques se mirent en marche. Il flotta jusqu'à la vitre et y colla le front : la ville lumière s'étendait à ses pieds.
           Son domaine.
           Une série de bip-bips troubla le silence pesant. L'homme tourna lentement la tête dans la direction du bruit. La petite diode clignotante qu'il aperçut jetait des flashs de sang sur la console du bureau. Quelques secondes passèrent... Balayant d'un revers les gouttes de sueur qui perlaient sur son front, un sourire méprisant prit naissance à la commissure de ses lèvres étroites.
           Des Ténèbres striées d'éclairs.
           Trempé de sueur, l'homme sortit de sa léthargie dans un râle sonore. Il voulu porter les mains à sa tête pour calmer le flot de sang derrière ses tempes. Douleur. L'acier qui lacérait la peau de ses poignets lui apprit sa nouvelle condition. Ses yeux s'ouvrirent comme mus par une indicible volonté étrangère tandis que sa conscience reprenait peu à peu le contrôle de son corps meurtri. Oui, bien sûr : les murs de pierre suintant le désespoir, le passage sombre, les barreaux rouillés, la chaleur étouffante, les lourdes chaînes enfoncées dans la paroi. Il avait déjà vu un tel décor des milliers de fois. Mais à quelle occasion ? Il retomba, piteusement crucifié sur le mur. Les chaînes qui le retenaient sonnèrent le glas de sa dignité d'homme.
           Un souffle... une vapeur blanche parmi les ombres. Derrière le flou de la souffrance l'homme crut distinguer une silhouette dans le coin le plus sombre de la cellule. Se concentrant, il parvint à discerner les traits gracieux d'une jeune femme à la respiration légère, endormie sur une chaise métallique dans une posture presque obscène.


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